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Les protestants des 13e et 5e arrondissements de Paris. Temple de Port Royal & Maison Fraternelle

Culte du 14 avril 2024, sainte Cène / Musique, Véronique Bommier/ Prédication, Edith VALLÉÉ



LA PRÉDICATION

 

 

Prédication du 14 avril 2024 par Edith VALLÉÉ

 

 

 

 

Lecture de l’évangile de Luc 24. 35-49 (BS21)

 

Alors les deux disciples racontèrent ce qui leur était arrivé en chemin et comment ils l’avaient reconnu au moment où il rompait le pain. Ils parlaient encore quand Jésus lui-même se présenta au milieu d’eux et leur dit « que la paix soit avec vous ! » Saisis de frayeur et d’épouvante, ils croyaient voir un esprit mais il leur dit «  Pourquoi êtes-vous troublés et pourquoi de pareilles pensées surgissent dans votre cœur ? Regardez mes mains et mes pieds : c’est bien moi. Touchez-moi et regardez. Un esprit n’a ni chair ni os comme vous le voyez bien, j’en ai. »En disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds.

Cependant, dans leur joie, ils ne croyaient pas encore et ils étaient dans l'étonnement. Alors il leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? »Ils lui présentèrent un morceau de poisson grillé et un rayon de miel. Il en prit et mangea devant eux.

Puis il leur dit : « C'est ce que je vous disais lorsque j'étais encore avec vous : il fallait que s'accomplisse tout ce qui est écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. »

Alors il leur ouvrit l'intelligence afin qu'ils comprennent les Ecritures

et il leur dit : « Ainsi, il était écrit et il fallait que cela arrive que le Messie souffrirait et qu'il ressusciterait le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. Vous êtes témoins de ces choses.

Et voici que j'enverrai sur vous ce que mon Père a promis ; quant à vous, restez dans la ville de Jérusalem jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la puissance d'en haut. »

___________________________________________________________________________

Prédication

Présentes ! Présents !

 

Nous éprouvons souvent la présence d’une vie, même absente. Un être cher disparu continue d’être là ; la beauté d’un paysage soulève en nous un sentiment esthétique. C’est magnifique, dit-on, enveloppé de la présence du beau. Le devenir est présent aussi et certains croient que si nous le rassemblons en pleine conscience dans un projet, nous avons une influence sur sa réalisation.

Le passé, le sentiment du dépassement par plus grand que soi, tout ce qui n’est plus tangible ou ne l’a jamais été mais pourra l’être, tout cela est pourtant bien présent et actif pour nous. A partir de ces expériences bien connues, je vais interroger trois modes de présence de Jésus en filigrane dans la narration de Luc. Suivons l’évangéliste.

Il nous conduit à Jérusalem dans une demeure discrète auprès des apôtres dans l’affliction. En deuil de Jésus, ils sont terrorisés : personne dans la ville n’ignore leur proximité avec le crucifié et aucun d’eux ne donne cher de sa propre peau. Parmi eux se trouvent aussi les pèlerins d’Emmaüs. Ils viennent de se joindre aux disciples après avoir cheminé durant la journée jusqu’à une auberge avec à leur coté Jésus, incognito. Malgré l’enseignement qu’il leur délivre sur les Ecritures, les deux compagnons n’ont pas reconnu en ce troisième pèlerin, le Christ. Ils l’identifient seulement lorsque Jésus accomplit devant eux un geste symbolique, rompre le pain. Précipités alors à Jérusalem, qui est tout de même à 10 kms d’Emmaüs, ils annoncent aux apôtres la résurrection. Juste à ce moment, en plein milieu du récit, Jésus survient. Nous y sommes. Présence 1.

 

Jésus apparaît sans crier gare, tel un passe muraille et prononce une parole, « la paix soit avec vous », qui vaut un bonjour, en plus beau et plus profond. La brusque apparition met les disciples sens dessus dessous. Et voici Jésus qui entreprend de les convaincre de sa présence réelle, tangible. Non, il n’est pas un esprit. Luc qui écrit à l’adresse des Grecs insiste sur la réalité du corps. Les Grecs estiment l’esprit bien supérieur au corps. Platon tient le corps pour le tombeau de l’âme ou sa prison. Au contraire, selon les religions juive et chrétiennes, le corps et l’âme forment un tout. Pour ses lecteurs grecs Luc va donc rendre toute son importance au corps.

 

Il nous met devant les yeux Jésus montrant ses mains et ses pieds : les mains racontent le petit enfant qui a saisi le sein de sa mère, le travail de charpentier, les guérisons par le toucher, le fouet brandi contre les marchands du Temple, et les plaies laissées par les clous.

Les pieds racontent la poussière des chemins, le parfum versé par Marie-Madeleine, le lavement des pieds des apôtres, et les plaies laissées par les clous. 

C’est la preuve par quatre de la présence corporelle de Jésus parmi les disciples, preuve de sa résurrection. Les apôtres finissent par changer de point de vue, passés de la peur panique à l’étonnement. Mais ils doutent encore, balancés entre la joie de voir le Seigneur vivant, et leur raison qui ne peut y croire. Attitude parfaitement humaine, la compréhension par le cœur outrepasse celle du mental, et tant mieux, sinon, moi, je ne serais jamais montée en chaire. 

Tous ont besoin de temps pour assimiler l’événement de la résurrection, Jésus voit bien la perplexité de ces hommes en train de douter encore de sa présence réelle et charnelle. Disons de sa présence immanente, circonscrite aux limites perceptibles par l’humain. A la demande de Jésus, on apporte alors du poisson et un rayon de miel. 

 

Absorber de la nourriture fait preuve de résurrection comme les plaies dans la chair. Mais cette nourriture dit aussi bien davantage. Le poisson : la multiplication des pains et des poissons, la pêche miraculeuse et surtout l’invite aux apôtres « vous serez pêcheurs d’hommes ». Une mission qui les dépasse, prêcher l’évangile dans les cinq continents, amener le plus d’humains possible dans le filet du christianisme. Il s’agit pour eux rien moins que la mise en œuvre du plan divin, changer le monde par l’amour.

Et le miel ? Le miel raconte ce qu’il y a de meilleur. Une matière première de la nature transformée en une nourriture délicate et excellente une fois passée par le travail minutieux des abeilles. Les disciples ont fait leur miel de l’enseignement du Christ. Avant d’en arriver au miel, il a fallu un travail d’assimilation, de réflexion, de partage. Afin de devenir pêcheurs d’hommes, ils se sont transformés, ils ont tout quitté pour suivre Jésus. Il faut croire que le miel valait à leurs yeux plus que tout. 

Une fois le poisson et le miel absorbés, Jésus lance, comme à son habitude, une parole renversante. « c’est ce que je vous disais quand j’étais encore avec vous ». Alors, là, il faudrait savoir. « Quand j’étais encore » signifie qu’il n’est plus avec eux. Jésus est-il là, bien présent en chair et en os comme il le démontre ou bien n’est-il déjà plus parmi eux alors qu’ils le voient tous ? 

 

Qu’est-ce à dire ? Ressuscité, Jésus est le même mais changé parce qu’il endosse une autre dimension de lui. De sa proximité avec Dieu, il tient une autre forme de présence, transcendante. Cela correspond à ce qui nous dépasse, hors espace-temps, hors limites humaines et qu’il nous est pourtant possible de ressentir à travers l’âme par exemple dans la prière, dans la contemplation de la création, dans le sentiment esthétique, dans l’amour. Donnant son visage à l’humanité Jésus prépare les disciples à sa présence à la fois immanente et transcendante au milieu de nous et en nous.

Présence au milieu de nous :« En effet, là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux.» (Mat.18-20)

Présence en nous : « toutes les fois que vous avez fait cela à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Mat. 25-40-41)

Jésus parle de corps à corps et il parle d’âme à âme.

 

Le texte sur l’apparition de Jésus aux apôtres aurait pu s’arrêter là. Certains pensent que du temps a passé entre l’apparition et les instructions aux apôtres qui vont suivre. Mais qu’importe, la logique d’enchaînement de sens qui va des poissons et du miel aux Ecritures est belle. 

La Troisième présence de Jésus va se révéler à qui se penche sur les Ecritures. Celles-ci convergent vers le message, reprenons-le : la repentance et le pardon des péchés prêchés en son nom à toutes les nations. Il appartient aux apôtres de faire connaître le nouveau visage de Dieu lentement révélé, Dieu aimant. A eux de transmettre ce dont ils sont les témoins : la résurrection après la crucifixion. Le redressement après le désespoir.

Justement, toute la Bible repose sur une série d’effondrements et de redressements. De temps en temps, des points d’alerte particuliers parsemés par les scripteurs dans la Loi de Moïse, les Prophètes, les Psaumes annoncent la venue de Jésus et sa souffrance. Jésus explique aux apôtres qu’il ne pouvait faire autrement que d’en passer par là. Mais ne nous y trompons pas. La lecture de la Bible n’a rien d’un livre d’explication littérale, c’est ce que l’on peut déduire de la phrase qui vient ensuite « Il leur ouvrit l’intelligence afin qu’ils comprennent les Ecritures». L’enseignement de Jésus a toujours été à interpréter à travers des paraboles délivrées comme des perles mystérieuses ou à travers ses comportements contradictoires, hors toute logique immédiate. Côtoyer Jésus mène à tout le contraire d’un enfermement dans le déterminisme, les interprétations toutes faites, les correspondances de sens forcé à tout prix. 

 

La Bible se lit avec ses moyens à soi, du moment qu’on la travaille comme les abeilles leur miel. Qu’est-ce donc que le miel de la Bible ? La vie !

Elles ne parlent que de cela les Ecritures, la vie par la foi en la vie, à travers Dieu : la délivrance des Hébreux qui traversent la mer Rouge, le changement de point de vue raconté dans une parabole tel le marchand de perle qui vend tout pour acquérir une perle rare, et pourquoi pas une liberté nouvelle quand, sans renier un passé difficile, on donne à son existence un sens différent à ce qui semblait inscrit depuis toujours ? Dieu nous libère des peurs et des enfermements en nous poussant, chargés de notre passé, vers l’ouverture au monde et vers la vie. 

 

Quand Jésus donne à ses disciples la mission de prêcher dans le monde la bonne nouvelle du pardon, à mon sens, il exprime là une troisième forme de sa présence, une présence pastorale. Elle conduit alors, suivant son enseignement, à se saisir des écritures comme guide pour s’approcher de Dieu et travailler au règne de Dieu là où nous sommes. Jésus promet une force nouvelle aux apôtres pour cette aventure. Il leur faut commencer à Jérusalem. Pourquoi là? Parce que Jérusalem, pour les disciples, c’est ici et maintenant. Extraordinaire est la résonnance de ces mots aujourd’hui. Ici et maintenant, la paix pour mon prochain, mon semblable. Ce sera au moment de la Pentecôte, quand les apôtres se sentiront investis de moyens qu’ils ne soupçonnaient pas. 

 

En attendant, ils restent ensemble à Jérusalem, galvanisés par leur foi. Partager, rien ne rend plus fort. Alors que faisons-nous ici dans ce temple de Port Royal Quartier Latin où nous nous sommes congratulés le jour de Pâques, que faisons-nous d’autre que nous fortifier, par nos chants, nos prières et notre présence les unes et les autres, côte à côte, et si nous étions plus nombreux, on pourrait dire coude à coude ? Eprouver ensemble les présences de Jésus, l’immanente, la transcendante, la pastorale nous rend présentes et présents à nous-mêmes et par voie de conséquence, au monde. Etre présent, tout le contraire de faire acte de présence. Etre présent, c’est sortir joyeux de sa coquille. Et tant mieux si cela se voit sur nos visages au sortir du Temple !

 

 

 

Prédication du 14 avril 2024 par Edith VALLÉÉ

 

 

 

 

Lecture de l’évangile de Luc 24. 35-49 (BS21)

 

Alors les deux disciples racontèrent ce qui leur était arrivé en chemin et comment ils l’avaient reconnu au moment où il rompait le pain. Ils parlaient encore quand Jésus lui-même se présenta au milieu d’eux et leur dit « que la paix soit avec vous ! » Saisis de frayeur et d’épouvante, ils croyaient voir un esprit mais il leur dit «  Pourquoi êtes-vous troublés et pourquoi de pareilles pensées surgissent dans votre cœur ? Regardez mes mains et mes pieds : c’est bien moi. Touchez-moi et regardez. Un esprit n’a ni chair ni os comme vous le voyez bien, j’en ai. »En disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds.

Cependant, dans leur joie, ils ne croyaient pas encore et ils étaient dans l'étonnement. Alors il leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? »Ils lui présentèrent un morceau de poisson grillé et un rayon de miel. Il en prit et mangea devant eux.

Puis il leur dit : « C'est ce que je vous disais lorsque j'étais encore avec vous : il fallait que s'accomplisse tout ce qui est écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. »

Alors il leur ouvrit l'intelligence afin qu'ils comprennent les Ecritures

et il leur dit : « Ainsi, il était écrit et il fallait que cela arrive que le Messie souffrirait et qu'il ressusciterait le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. Vous êtes témoins de ces choses.

Et voici que j'enverrai sur vous ce que mon Père a promis ; quant à vous, restez dans la ville de Jérusalem jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la puissance d'en haut. »

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Prédication

Présentes ! Présents !

 

Nous éprouvons souvent la présence d’une vie, même absente. Un être cher disparu continue d’être là ; la beauté d’un paysage soulève en nous un sentiment esthétique. C’est magnifique, dit-on, enveloppé de la présence du beau. Le devenir est présent aussi et certains croient que si nous le rassemblons en pleine conscience dans un projet, nous avons une influence sur sa réalisation.

Le passé, le sentiment du dépassement par plus grand que soi, tout ce qui n’est plus tangible ou ne l’a jamais été mais pourra l’être, tout cela est pourtant bien présent et actif pour nous. A partir de ces expériences bien connues, je vais interroger trois modes de présence de Jésus en filigrane dans la narration de Luc. Suivons l’évangéliste.

Il nous conduit à Jérusalem dans une demeure discrète auprès des apôtres dans l’affliction. En deuil de Jésus, ils sont terrorisés : personne dans la ville n’ignore leur proximité avec le crucifié et aucun d’eux ne donne cher de sa propre peau. Parmi eux se trouvent aussi les pèlerins d’Emmaüs. Ils viennent de se joindre aux disciples après avoir cheminé durant la journée jusqu’à une auberge avec à leur coté Jésus, incognito. Malgré l’enseignement qu’il leur délivre sur les Ecritures, les deux compagnons n’ont pas reconnu en ce troisième pèlerin, le Christ. Ils l’identifient seulement lorsque Jésus accomplit devant eux un geste symbolique, rompre le pain. Précipités alors à Jérusalem, qui est tout de même à 10 kms d’Emmaüs, ils annoncent aux apôtres la résurrection. Juste à ce moment, en plein milieu du récit, Jésus survient. Nous y sommes. Présence 1.

 

Jésus apparaît sans crier gare, tel un passe muraille et prononce une parole, « la paix soit avec vous », qui vaut un bonjour, en plus beau et plus profond. La brusque apparition met les disciples sens dessus dessous. Et voici Jésus qui entreprend de les convaincre de sa présence réelle, tangible. Non, il n’est pas un esprit. Luc qui écrit à l’adresse des Grecs insiste sur la réalité du corps. Les Grecs estiment l’esprit bien supérieur au corps. Platon tient le corps pour le tombeau de l’âme ou sa prison. Au contraire, selon les religions juive et chrétiennes, le corps et l’âme forment un tout. Pour ses lecteurs grecs Luc va donc rendre toute son importance au corps.

 

Il nous met devant les yeux Jésus montrant ses mains et ses pieds : les mains racontent le petit enfant qui a saisi le sein de sa mère, le travail de charpentier, les guérisons par le toucher, le fouet brandi contre les marchands du Temple, et les plaies laissées par les clous.

Les pieds racontent la poussière des chemins, le parfum versé par Marie-Madeleine, le lavement des pieds des apôtres, et les plaies laissées par les clous. 

C’est la preuve par quatre de la présence corporelle de Jésus parmi les disciples, preuve de sa résurrection. Les apôtres finissent par changer de point de vue, passés de la peur panique à l’étonnement. Mais ils doutent encore, balancés entre la joie de voir le Seigneur vivant, et leur raison qui ne peut y croire. Attitude parfaitement humaine, la compréhension par le cœur outrepasse celle du mental, et tant mieux, sinon, moi, je ne serais jamais montée en chaire. 

Tous ont besoin de temps pour assimiler l’événement de la résurrection, Jésus voit bien la perplexité de ces hommes en train de douter encore de sa présence réelle et charnelle. Disons de sa présence immanente, circonscrite aux limites perceptibles par l’humain. A la demande de Jésus, on apporte alors du poisson et un rayon de miel. 

 

Absorber de la nourriture fait preuve de résurrection comme les plaies dans la chair. Mais cette nourriture dit aussi bien davantage. Le poisson : la multiplication des pains et des poissons, la pêche miraculeuse et surtout l’invite aux apôtres « vous serez pêcheurs d’hommes ». Une mission qui les dépasse, prêcher l’évangile dans les cinq continents, amener le plus d’humains possible dans le filet du christianisme. Il s’agit pour eux rien moins que la mise en œuvre du plan divin, changer le monde par l’amour.

Et le miel ? Le miel raconte ce qu’il y a de meilleur. Une matière première de la nature transformée en une nourriture délicate et excellente une fois passée par le travail minutieux des abeilles. Les disciples ont fait leur miel de l’enseignement du Christ. Avant d’en arriver au miel, il a fallu un travail d’assimilation, de réflexion, de partage. Afin de devenir pêcheurs d’hommes, ils se sont transformés, ils ont tout quitté pour suivre Jésus. Il faut croire que le miel valait à leurs yeux plus que tout. 

Une fois le poisson et le miel absorbés, Jésus lance, comme à son habitude, une parole renversante. « c’est ce que je vous disais quand j’étais encore avec vous ». Alors, là, il faudrait savoir. « Quand j’étais encore » signifie qu’il n’est plus avec eux. Jésus est-il là, bien présent en chair et en os comme il le démontre ou bien n’est-il déjà plus parmi eux alors qu’ils le voient tous ? 

 

Qu’est-ce à dire ? Ressuscité, Jésus est le même mais changé parce qu’il endosse une autre dimension de lui. De sa proximité avec Dieu, il tient une autre forme de présence, transcendante. Cela correspond à ce qui nous dépasse, hors espace-temps, hors limites humaines et qu’il nous est pourtant possible de ressentir à travers l’âme par exemple dans la prière, dans la contemplation de la création, dans le sentiment esthétique, dans l’amour. Donnant son visage à l’humanité Jésus prépare les disciples à sa présence à la fois immanente et transcendante au milieu de nous et en nous.

Présence au milieu de nous :« En effet, là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux.» (Mat.18-20)

Présence en nous : « toutes les fois que vous avez fait cela à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Mat. 25-40-41)

Jésus parle de corps à corps et il parle d’âme à âme.

 

Le texte sur l’apparition de Jésus aux apôtres aurait pu s’arrêter là. Certains pensent que du temps a passé entre l’apparition et les instructions aux apôtres qui vont suivre. Mais qu’importe, la logique d’enchaînement de sens qui va des poissons et du miel aux Ecritures est belle. 

La Troisième présence de Jésus va se révéler à qui se penche sur les Ecritures. Celles-ci convergent vers le message, reprenons-le : la repentance et le pardon des péchés prêchés en son nom à toutes les nations. Il appartient aux apôtres de faire connaître le nouveau visage de Dieu lentement révélé, Dieu aimant. A eux de transmettre ce dont ils sont les témoins : la résurrection après la crucifixion. Le redressement après le désespoir.

Justement, toute la Bible repose sur une série d’effondrements et de redressements. De temps en temps, des points d’alerte particuliers parsemés par les scripteurs dans la Loi de Moïse, les Prophètes, les Psaumes annoncent la venue de Jésus et sa souffrance. Jésus explique aux apôtres qu’il ne pouvait faire autrement que d’en passer par là. Mais ne nous y trompons pas. La lecture de la Bible n’a rien d’un livre d’explication littérale, c’est ce que l’on peut déduire de la phrase qui vient ensuite « Il leur ouvrit l’intelligence afin qu’ils comprennent les Ecritures». L’enseignement de Jésus a toujours été à interpréter à travers des paraboles délivrées comme des perles mystérieuses ou à travers ses comportements contradictoires, hors toute logique immédiate. Côtoyer Jésus mène à tout le contraire d’un enfermement dans le déterminisme, les interprétations toutes faites, les correspondances de sens forcé à tout prix. 

 

La Bible se lit avec ses moyens à soi, du moment qu’on la travaille comme les abeilles leur miel. Qu’est-ce donc que le miel de la Bible ? La vie !

Elles ne parlent que de cela les Ecritures, la vie par la foi en la vie, à travers Dieu : la délivrance des Hébreux qui traversent la mer Rouge, le changement de point de vue raconté dans une parabole tel le marchand de perle qui vend tout pour acquérir une perle rare, et pourquoi pas une liberté nouvelle quand, sans renier un passé difficile, on donne à son existence un sens différent à ce qui semblait inscrit depuis toujours ? Dieu nous libère des peurs et des enfermements en nous poussant, chargés de notre passé, vers l’ouverture au monde et vers la vie. 

 

Quand Jésus donne à ses disciples la mission de prêcher dans le monde la bonne nouvelle du pardon, à mon sens, il exprime là une troisième forme de sa présence, une présence pastorale. Elle conduit alors, suivant son enseignement, à se saisir des écritures comme guide pour s’approcher de Dieu et travailler au règne de Dieu là où nous sommes. Jésus promet une force nouvelle aux apôtres pour cette aventure. Il leur faut commencer à Jérusalem. Pourquoi là? Parce que Jérusalem, pour les disciples, c’est ici et maintenant. Extraordinaire est la résonnance de ces mots aujourd’hui. Ici et maintenant, la paix pour mon prochain, mon semblable. Ce sera au moment de la Pentecôte, quand les apôtres se sentiront investis de moyens qu’ils ne soupçonnaient pas. 

 

En attendant, ils restent ensemble à Jérusalem, galvanisés par leur foi. Partager, rien ne rend plus fort. Alors que faisons-nous ici dans ce temple de Port Royal Quartier Latin où nous nous sommes congratulés le jour de Pâques, que faisons-nous d’autre que nous fortifier, par nos chants, nos prières et notre présence les unes et les autres, côte à côte, et si nous étions plus nombreux, on pourrait dire coude à coude ? Eprouver ensemble les présences de Jésus, l’immanente, la transcendante, la pastorale nous rend présentes et présents à nous-mêmes et par voie de conséquence, au monde. Etre présent, tout le contraire de faire acte de présence. Etre présent, c’est sortir joyeux de sa coquille. Et tant mieux si cela se voit sur nos visages au sortir du Temple !

 


LA LITURGIE

 

 

ORGUE

 

=========== Personne officiant LA SALUTATION

 

Si vous marchez dans le désert ou cheminez dans la nuit, 

Si la vie est rude et obscure, l’avenir incertain et votre présent douteux ; Si vous avez peur,

Ecoutez alors la très noble et ancienne parole d’espérance et obéissez-lui

Puisqu’elle est mieux qu’un ordre : la joie, la vie, la force et le courage

Vous sont données par celui dont la présence monte en vos cœurs.

 

Je vous invite à vous lever pour louer le Seigneur avec les mots de Grégoire de Nysse

 

--------------DEBOUT-------------

 

======== fidèle lisant LA LOUANGE

 

De quel nom pouvons-nous t’invoquer ?
Tu dépasses tout nom !

Quel cantique pourra chanter tes louanges,
quels mots pourront parler de toi ?

De toi procèdes tout ce qui est dit,
mais tu es au-delà de tout discours.

De toi est issu tout ce qui est pensé,
mais tu es au-delà de toute pensée.

Tu es le but de toutes les attentes,
de toutes les aspirations silencieuses.

Gloire à toi, ô Dieu très-haut ! Amen

 

Nous chantons debout  J’ai soif de ta présence 45 / 10 p. 691 strophes 1,2

 

------------------DEBOUT--------------------

CHANT

=========== fidèle lisant nous nous asseyons pour entendre LA PRIÈRE DE CONVERSION 

---------------ASSIS----------------------------

 

Je t’ai cherché, désirant voir ce que j’ai cru, 

et j’ai lutté et j’ai souffert.
Mon Dieu, mon Seigneur, mon unique espoir.

Accorde-moi de n’être jamais las de te chercher.

Qu’avec passion, sans cesse je cherche ton visage.

Toi qui m’as donné de Te trouver, 

Donne-moi le courage de te chercher

Et d’espérer toujours te trouver davantage.
Devant toi, ma solidité, garde-la.
Devant toi ma fragilité, garde-la.

Devant toi tout ce que je sais, tout ce que j’ignore.
Par là où tu m’as ouvert, j’entre accueille-moi.

De là où tu m’as fermé, j’appelle : ouvre-moi.

Accorde-moi de ne pas t’oublier, 

Accorde-moi de te comprendre 

Mon Dieu, mon Seigneur.
Accord-moi de t’aimer. Amen

 

 

=========== fidèle lisant  L’ANNONCE DU PARDON 

 

O mon peuple prends courage, et console enfin ton cœur ! J’ai brisé ton esclavage,

Moi ton Dieu libérateur. Le salut s’est approché, tes péchés sont pardonnés, et celui que les expie

T’a donné deux fois la vie. Ecoutez la voix qui crie : qu’un chemin lui soit ouvert ! Préparez la route unie devant lui dans le désert ! 

Ce n’est pas un sacrifice que demande le Seigneur, Mais l’amour et la justice dans l’humilité des cœurs. Aujourd’hui voici qu’il vient ! Il rassemblera les siens pour qu’ils marchent dans ses voies, pour qu’ils vivent dans sa joie. Amen.

 

Maintenant, je vous invite à vous lever pour la fin du chant J’ai soif de ta présence chant 45/10 p. 691 strophe 3 

 

 

-------------------------------DEBOUT------------------------------------

CHANT

======= fidèle lisant  nous nous asseyons pour écouter  LA VOLONTÉ DE DIEU 

 

-------------------------------ASSIS---------------------------------

 

Personne ne peut prétendre

connaître la volonté de Dieu.
Ce que nous pouvons connaître,

c’est sa voix, même étouffée,

qui nous oriente 

quand nous voulons bien l’entendre.
Que te dis le Seigneur en ce jour ?

Ecoute, tel est le plus grand 

des commandements. 

 

 

Nous prenons le chant à entonner debout

Sur tous les temps, sur tous les lieux  34 / 27 p.466 strophes 1,2

 

-------------------DEBOUT------------------

CHANT

========= fidèle lisant : Je vous invite à vous assoir pour dire ensemble :

 

« « « « « « « « « « « « « LA PRIÈRE D'ILLUMINATION » » » » » » » » » » »

------------------- ASSIS--------------------------

 

Ô Ressuscité par qui nous pouvons expérimenter

la présence et la gloire de Dieu, ouvre nos esprits aux mots des Écritures 

afin que nous puissions grandir dans l’amour,

la foi et la connaissance de notre monde. Amen.

 

============== fidèle lisant

Lecture de l’évangile de Luc 24. 35-49 (BS21)

 

Alors les deux disciples racontèrent ce qui leur était arrivé en chemin et comment ils l’avaient reconnu au moment où il rompait le pain. Ils parlaient encore quand Jésus lui-même se présenta au milieu d’eux et leur dit « que la paix soit avec vous ! » Saisis de frayeur et d’épouvante, ils croyaient voir un esprit mais il leur dit «  Pourquoi êtes-vous troublés et pourquoi de pareilles pensées surgissent dans votre cœur ? Regardez mes mains et mes pieds : c’est bien moi. Touchez-moi et regardez. Un esprit n’a ni chair ni os comme vous le voyez bien, j’en ai. »En disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds.

Cependant, dans leur joie, ils ne croyaient pas encore et ils étaient dans l'étonnement. Alors il leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? »Ils lui présentèrent un morceau de poisson grillé et un rayon de miel. Il en prit et mangea devant eux.

Puis il leur dit : « C'est ce que je vous disais lorsque j'étais encore avec vous : il fallait que s'accomplisse tout ce qui est écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. »

Alors il leur ouvrit l'intelligence afin qu'ils comprennent les Ecritures

et il leur dit : « Ainsi, il était écrit et il fallait que cela arrive que le Messie souffrirait et qu'il ressusciterait le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. Vous êtes témoins de ces choses.

Et voici que j'enverrai sur vous ce que mon Père a promis ; quant à vous, restez dans la ville de Jérusalem jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la puissance d'en haut. » 

 

ORGUE

============ personne officiant  LA PRÉDICATION -

ORGUE

 

============= Fidèle lisant Je vous invite à vous lever pour lire ensemble

 

« « « « « « « « « « « « « « « LA CONFESSION DE FOI  » » » » » » » » » » »

----------------------DEBOUT----------------------------------------

 

Je crois que l’Eternel parle aux humains par son Christ.

Je crois que Jésus actualise la parole qui fait vivre.

Lorsque j’ai peur, lorsque j’ai froid, je me souviens : 

la Bible proclame la promesse d’amour 

pour la vie du monde entier.

Je crois au don d’une puissance qui recrée

d’une main sûre

après la désespérance et le chaos,

qui réécrit ce qui n’a pas été compris

ou effacé par l’oubli,

qui ranime les cendres 

dans un souffle subtil et léger.

Nous chantons debout le psaume :Dieu mon berger me conduit et me garde Psaume 23 p. 48 strophe 1,2,3

--------------------------DEBOUT---------------------------------------

CHANT

========= Personne officiant  Nous pouvons nous asseoir.

----------------------------------ASSIS -------------------------------------

 

========= fidèle lisant  recense les ANNONCES : 

cet après midi, à18h, aura lieu, le concert des musicales de Port Royal avec Fabien Hyon ténor et Juliette Sabbah au piano qui interprèteront Fauré, Hahn, Shumann. Tous les 2evendredi du mois, une performance artistique proposée par le collectif NEST présente ici de l’art contemporain. Hier, poèmes et films. Une chance pour l’église de PRQL de nous ouvrir à cette dimension de l’art comme support de spiritualité, chance aussi de faire connaître la modernité de ce lieu engagé dans le monde.

Demande qui a d’autres annonces à communiquer……. 

Puis indique que c’est le moment de

 

L’OFFRANDE

Tout est à Dieu. La collecte d’argent à laquelle nous procédons est un signe de cette conviction. Elle est de plus un moyen nécessaire à la vie de notre communauté. Elle exprime notre solidarité.

Merci, Père, pour tout ce que tu nous donnes et merci pour la joie d’offrir. Accepte ce que nous t’apportons comme signe de notre engagement à ton service. Amen.

Que votre don soit béni et que l’évangile soit annoncé !

COLLECTE + ORGUE DOUX  accompagnant l’offrande

 

========= Fidèle lisant l’INSTITUTION

 

Faites ceci en mémoire de moi dit Jésus à ses disciples. Depuis lors, les chrétiens sont devenus ces compagnons, ceux qui littéralement partagent le pain en souvenir de leur maître, communiant avec lui et avec le Dieu éternellement neuf qu’il a révélé.

 

 

========= Officiant lisant LA PRIÈRE D'INTERCESSION et EUCHARISTIQUE

 

Que ton Esprit descende sur nous pour que nos mots soient entendus, nos actes compris, notre présence au monde comme une occasion favorable de recevoir et de donner.

Que ton esprit descende sur nous, pour que nous soyons joyeux et plus du tout réticents aux bonnes nouvelles comme cette troupe fatiguée et méfiante que nous appellerions les blasés du Christ.
Que ton esprit descende sur nous pour dissoudre le cynisme dont nous nous parons souvent parce que nous ne savons pas quoi faire. 

Que ton esprit descende sur nous pour que nous soyons enfin inspirés

Que ton esprit descende sur nous pour que ton église prenne vie et surtout que nos yeux voient la vie.

Que ton Esprit descende sur notre communion au moyen du pain et du vin de ce jour. 

 

« « « « « « « « « Ensemble NOTRE PERE…. » » » » » » » » » » »

 

=========== Personne officiant

 

Nous sommes invités par Jésus Christ. Il appelle chacun de nous à le rejoindre. Formons un cercle autour de cette table. Ceux et celles qui ne désirent pas communier sont bien sûr aussi les bienvenus. Il leur suffira de faire un geste de la main pour passer leur tour. 

 

L’INVITATION « Venez, car tour est prêt »

 

« « « « « « « RASSEMBLEMENT » » » » » » » » »

 

FRACTION La personne officiant rompt le pain et garde les deux moitiés tendues dans chaque main tandis qu’en même temps 

Fidèle lisant dit : « Le pain que je donnerai pour la vie du monde, c’est moi, dit le Seigneur »

 

La personne officiant lève la coupe tandis qu’en même temps le fidèle lisant énonce :

« Quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les êtres humains à moi. »

 

« « « « « « « COMMUNION » » » » » » » » »

accompagnée par l’orgue

 

=========== fidèle lisant ACTION DE GRACE

Pour la simplicité de ce pain et ce vin, bénis sois-tu Dieu notre Père.

Pour la simplicité de ta présence en Jésus Christ, béni sois-tu. 

A nous qui avons la nourriture, donne faim et soif de justice de paix et d’amour ; apprends nous le partage et fais-nous préparer ta venue.

 

============ Personne officiant EXORTATION et BENEDICTION 

Allez en paix chers frères et sœurs, avec en certitude à vos côtés la présence de Jésus.
Eprouvez-la en silence….. Dieu nous guide, demandons-lui de mettre une lampe dans nos mains quand elles avancent à tâtons. Demandons-lui de nous rendre le parfum du jasmin quand nous sommes sans envie. Demandons-lui de savoir guetter un ciel en papier de soie quand nous plions sous l’orage. Accueillons ce qui nous dépasse et nous emporte la beauté, l’immensité, le jour et la nuit, le renouvellement de la vie, la créativité, la légèreté pour rien, sans raison, l’amour. L’amour, puissions-nous le trouver et le ressourcer. 

Que l’Eternel vous bénisse et vous garde ; que le Dieu de Jésus-Christ tourne son visage vers vous, vous donne la paix du cœur et la lumière nécessaire pour faire votre miel des rencontres de la vie.

AMEN Nous retournons à nos places pour écouter un dernier morceau avec un grand merci à Véronique BOMMIER

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